La marque de fabrique de Fann Attiki, c’est à la fois ses emprunts, la maîtrise de sa narration qui se veut chaleureuse, joyeuse tout en traitant de sujets douloureux. Un discours aussi sur l’absurde, l’incompétence malheureuse des exécutants. Si rien n’est vraiment sérieux, la violence exercée par les puissants est bien réelle.
Pour ce qui concerne l’écriture du slameur passé à la prose, il y a des séquences portées par un style et un rythme qui rendent plaisantes les descriptions de Brazzaville, des personnages et allègent le propos politique qui ne s’arrête pas seulement sur les absences du Guide national. Mais c’est aussi le rapport à la langue française qui est questionné, ce cadeau importé et imposé avec ses lots de crimes, qui cohabite avec des bribes de lingala ou de kikongo dans le roman de Fann Attiki. C’est aussi le langage biblique qui structure le roman au pas de la semaine de la Création (cf. la genèse).
Tout dans ce roman, dans sa forme, oppose la brutalité de la réalité congolaise à la vitalité du propos et à l’espérance que chuchote l’écriture de Fann Attiki. Gangoueus.
Fann Attiki est né en 1992 à Pointe-Noire au Congo. En 2011, il s’éprend de poésie en assistant à un atelier de slam. Il s’installe à Brazzaville en 2016, se consacre à l’écriture et au théâtre. Cave 72, est son premier roman.